De l'usage de saluer ceux qui éternuent et de leur adresser des souhaits

S'il a existé, comme on le raconte, et s'il peut exister encore des gens qui, toute leur vie, ont mangé du pain sans s'inquiéter un seul instant comment venait le blé ; si, dans les choses les plus ordinaires de la vie, au sujet desquelles l'ignorance n'est même pas excusable chez les intelligences les moins cultivées, on trouve souvent une telle indifférence, à plus forte raison dans les choses dont la connaissance est réputée moins indispensable. C'est ainsi que nous voyons une foule d'individus, fort spirituels d'ailleurs et pourvus d'une certaine éducation, qui, de tout temps, se sont soumis très ponctuellement à des formalités de la nature la plus singulière, sans s'être jamais adressé à leur sujet la moindre question. Il n'y a pour eux ni pourquoi ni comment : c'est l'usage, on a toujours fait comme cela : voilà qui répond à tout.