Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 99 pages
Poids : 114 g
Dimensions : 13cm X 20cm
ISBN : 978-2-916136-72-1
EAN : 9782916136721
De peur que j'oublie
Les libraires en parlent
Ce petit livre qui se lit comme une enquête policière brosse le portrait en creux d'Huguette Bonin, aujourd'hui en maison de retraite. Tout d'abord, une succession de témoignages : la voisine, le frère, la psychologue, l'infirmière, la belle-soeur, la belle-fille... Puis le journal des visites de la seule personne qui vient encore la voir. Enfin, le journal qu'elle a tenu.
Marie-Noël Rio aborde la face la plus sombre de l'humanité : mépris, égoïsme, lâcheté... Huguette semble manquer d'amour bien plus que de souvenirs. Ce texte douloureux parle très bien de la souffrance qui resurgit lorsque la mémoire s'effrite, assorti d'une vraie réflexion sur ce qu'est l'identité : qui sommes-nous, sinon les traces que nous laissons dans les esprits de ceux que nous fréquentons ?
Quatrième de couverture
À l'hospice, Huguette, le cerveau détruit par la maladie d'Alzheimer, ne parle plus. Ses cousines, sa belle-soeur, sa voisine, une visiteuse catholique dressent son portrait, chacune à sa façon, chacune à son tour. Derrière les vertus proclamées de ces existences honorables, le ridicule, l'égoïsme, la méchanceté. Il y a aussi les employés de l'hospice, dont le métier est de prendre soin des vieux, et Laure, la fille du mari d'Huguette, épousé trop tard, mort depuis longtemps. De peur que j'oublie, qui tient tout à la fois de l'enquête policière, du monologue de théâtre, du journal intime, du tombeau littéraire, est une sorte de roman noir construit autour d'un personnage au destin commun qui s'accroche à la vie avec une férocité indomptable. Marie-Noël Rio, née en 1944, est d'abord monteuse de cinéma, puis dramaturge et metteur en scène. Elle est l'auteur de trois autres romans, Pour Lili, Le Palmier en zinc et Paysages sous la pluie, parus aux Éditions du Sonneur.
Non, elle n'a pas de visites. À part la vieille bigote qui apporte la communion aux pensionnaires le dimanche, et de temps en temps une femme qui vient de Paris, sa belle-fille je crois. Autrement personne ne vient la voir. Nous, on n'a pas le temps. Nous, c'est bonjour bonsoir comment ça va aujourd'hui Madame Bonin, c'est tout, on est débordées. On les lave, on leur met les couches, on les change, on les fait manger, on les fait boire, on leur met la télé, on fait le ménage des chambres. Tout ça. On n'a pas le temps de parler. Même quand on n'a plus sa tête on souffre de la solitude, c'est évident. Quelqu'un, qu'on le reconnaisse ou pas, c'est tout de même une présence humaine, une chaleur, une affection humaine. Même au fin fond de tout on est capable de sentir ça. Ceux qui n'ont pas de visites déclinent plus vite que les autres, c'est sûr. Madame Bonin, on voit bien qu'elle est triste, quand j'entre dans sa chambre je la trouve parfois en train de pleurer. Il y a encore quelques semaines elle appelait au secours, elle appelait sa mère, elle disait «Mon Dieu mon Dieu». Maintenant elle ne dit plus rien, elle crie seulement.