Démocratisme et misère politique en Afrique

Revendiquée aussi bien que redoutée, la démocratie en Afrique relève d'un paradoxe. Les élites locales en appellent au pluralisme, aux élections et aux droits de l'homme, mais elles abhorrent en même temps l'égalité politique qu'implique le respect de tels droits. L'émancipation des populations maintenues dans l'obscurantisme et le paupérisme les effraie car elle menace leur position hégémonique privilégiée. Dès lors l'exigence de démocratie, devenue perverse, n'est plus qu'une arme brandie par les élites des différents groupes ethniques pour réclamer leur part de pouvoir.

Le cas du Congo-Brazzaville est à cet égard exemplaire.

Depuis l'ouverture politique amorcée en 1992, une vraie-fausse démocratie ne cesse de pervertir les aspirations légitimes de la majorité muette en compétition ethniciste et régionaliste jusqu'à la «guerre civile» devenue chronique. La démocratisation réelle de la société - égalité des droits, accès de tous à l'instruction, justice sociale, etc. - est ainsi passée à la trappe.

A travers l'exemple congolais, cet essai éclaire les blocages internes de la vie politique africaine. Il aide à comprendre l'enlisement actuel des processus démocratiques sur le continent.