Démographie et économie

La France connaîtra à partir de 2005 un important changement de régime démographique, marqué notamment par un affaissement progressif de la croissance de sa population et une augmentation quasi continue de la part des tranches d'âge les plus élevées dans la population.

Ces évolutions suscitent généralement de vives inquiétudes quant à leurs conséquences économiques. Michel Aglietta, Didier Blanchet et François Héran montrent que ces inquiétudes doivent être nettement relativisées. La croissance démographique française devrait rester relativement dynamique, en comparaison des tendances longues ou des partenaires européens. La fécondité des femmes françaises reste compatible avec le renouvellement des générations.

L'effet du ralentissement démographique sur le niveau de vie des Français, en théorie ambigu, est empiriquement non significatif. Le vieillissement pourrait a priori se traduire par moins d'épargne, et donc moins de croissance, mais les analyses empiriques conduisent à relativiser ce risque.

La différence de situation démographique entre la France et les pays moins développés peut permettre d'amortir le choc, surtout si les conditions d'un décollage économique de ces pays se trouvent réunies. Un tel scénario suppose néanmoins une amélioration considérable du fonctionnement du système financier international.

Le vieillissement conduira cependant à une moindre croissance du niveau de vie moyen des Français, porteuses de tensions sur le partage du revenu, entre actifs et inactifs notamment. Le rapport évalue les principales options pour y faire face : hausse des contributions ; décalage de l'âge de la retraite ; recours à une certaine dose de capitalisation. Il discute également de l'opportunité d'une inflexion de la politique démographique actuellement menée par la France.

Le rapport de Michel Aglietta, Didier Blanchet et François Héran est accompagné de commentaires critiques de Béatrice Majnoni d'Intignano et de Patrick Artus, ainsi que de sept compléments apportant des éclairages spécifiques sur certains aspects de la question.