Des amitiés modernes, de Rodin à Matisse

Carolus-Duran fut l'un des acteurs de premier plan d'une aventure essentielle de l'histoire de l'art moderne en fondant, avec Rodin, Puvis de Chavannes, Meissonier et quelques autres, un Salon dissident, organisé sous le nom de Société nationale des beaux-arts.

Véritable bouleversement qui secoua en 1890 le rythme qui semblait alors immuable du Salon annuel, l'avènement de la Nationale s'imposa comme une évidence moderne à laquelle adhéraient les tenants d'une «nouvelle école» et qui s'ouvrait plus largement aux femmes artistes et aux créateurs étrangers.

Les artistes - naturalistes, impressionnistes, symbolistes, nabis - profitèrent de cette tribune pour exprimer leurs convictions d'un art en mouvement. Peinture d'histoire, portraits, orientalisme, arts appliqués, sculptures, objets d'art... à travers le regroupement d'une centaine d'oeuvres, voici donc le portrait d'un Salon qui exprime le passage du XIX^e au XX^e siècle et dévoile la perméabilité des amitiés artistiques qui firent évoluer les langages créateurs de la modernité. Au-delà de la confrontation des oeuvres, c'est aussi l'occasion de redécouvrir les artistes les plus prestigieux - Bonnard, Boudin, Bourdelle, Carrière, Charpentier, Claudel, Denis, Gallé, Matisse, Puvis de Chavannes, Raffaëlli, Rodin, Sisley... -, témoins de leur époque, qui illustrent les recherches et les évolutions picturales d'une période extraordinairement féconde.