Collection(s) : Stilnovo
Paru le 23/11/2014 | Broché 92 pages
traduit de l'italien par Danièle Robert
Odette, Romaine d'âge mûr qui, ancienne libraire, loue une partie de son appartement du quartier San Lorenzo à des étudiants, se livre, dans cette première fiction de Michèle Tortorici, à deux longues conversations : d'abord avec un électricien venu effectuer une réparation à son domicile entre midi et deux puis avec un nouveau locataire, arrivant ce même après-midi d'un dimanche d'hiver.
Dialogues ? Pas vraiment car elle est seule à parler : une loghorrée où elle passe du coq à l'âne et dont elle renoue les fils avec une parfaite maestria. Monologues ? Pas vraiment non plus : ses phrases laissent constamment deviner les réponses de ses interlocuteurs ainsi que leurs gestes ou mimiques.
Sûre d'elle, ne redoutant ni sujet leste ni confession intime, l'intarissable logeuse est dotée d'une vaste culture embrassant les moindres répliques de Totò, le football, la linguistique, l'oeuvre de Dante - qu'elle peut citer de tête et commenter -, la philosophie, l'économie, bien sûr la politique, etc. Un savoureux pêle-mêle de cocasseries, réflexions fines, jugements à l'emporte-pièce et, surprenantes pour les deux « parfaits inconnus » qu'elle a en face d'elle à tour de rôle, confidences sur sa vie privée - celles-ci livrant à la fin un étonnant secret.
Professeur de lettres classiques puis proviseur, Michèle Tortorici a par la suite mené une carrière dans l'administration pédagogique. Directeur et coauteur d'une importante histoire de la littérature italienne (Oberon, 1993), il est l'auteur de quatre recueils de poèmes : La mente irretita (Manni, 2008), I segnalibri di Berlino (Campanotto, 2009), Versi inutili e altre inutilità (Edicit, 2010) et Viaggio all'osteria della terra (Manni, 2012). Le premier d'entre eux a très vite été publié en France par les éditions vagabonde (La Pensée prise au piège, traduit et préfacé par Danièle Robert, 2010).