Rayon Philosophie et théorie, esthétique
Dictionnaire d'esthétique et de philosophie de l'art

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 495 pages
Poids : 680 g
Dimensions : 16cm X 24cm
ISBN : 978-2-200-27865-6
EAN : 9782200278656

Dictionnaire d'esthétique et de philosophie de l'art


Collection(s) | Dictionnaire
Paru le
Broché 495 pages

Quatrième de couverture

Goût

du latin gustus (dérivé de gusto) qui désigne un des sens avant d'être le prototype du jugement réfléchissant.

Disposition esthétique par laquelle la sensibilité et l'esprit sont en mesure d'évaluer avec finesse la part de satisfaction ou la beauté relatives à une expérience ou un objet.

Goûter, c'est essayer une chose, la déguster ; et si l'on essaie une chose, c'est pour connaître son goût. Le goût est à la fois le sens du goût que possède ou non un individu, et qu'il exerce en goûtant - on dit, par exemple : « c'est un homme ou une femme de goût » - et la saveur ou le caractère que possède ou non une chose et notamment un aliment - on dit que « cela a du goût » ou « n'a pas de goût ». Cette double définition introduit déjà le grand problème du goût, c'est-à-dire des discussions sur les qualités de choses qui, d'une part, appartiennent à ces choses et, d'autre part, ressortissent aux individus qui jugent ces choses.

Dans son essai sur La Norme du goût, Hume cite une anecdote tirée du Don Quichotte de Cervantès : deux experts qui goûtent du vin tiré d'un fût « supposé excellent parce que vieux et de bonne vinée » trouvent que s'ajoute à son agréable saveur, l'un, un petit goût de cuir, l'autre, un petit goût de fer ; on les moque, mais l'on finit par découvrir au fond du tonneau « une vieille clé, attachée à une courroie de cuir ». L'anecdote met en évidence quatre aspects du goût : sa relation avec le jugement critique en son sens juridique - goûter c'est juger, établir un verdict ; la disparité des individus devant la capacité à reconnaître les goûts - non seulement il est sous-entendu que tout le monde n'a pas bon nez, comme on dit, mais l'un des parents de Sancho perçoit le petit goût de cuir, l'autre, le petit goût de fer ; corrélativement, l'idée de la délicatesse du goût, dans les termes de Hume - sur là base d'un goût communément perçu, on discute sur les nuances ; enfin, le caractère objectif du jugement (du moins quand il est bon) par le fait qu'on trouve et du fer et du cuir dans le tonneau.

Toute civilisation perçoit le monde à sa manière, et en exalte des aspects spécifiques si bien qu'objets, corps et comportements sont assujettis à des normes esthétiques qui, pour n'être pas toujours explicites, n'en sont pas moins impérieuses.

Il en résulte aujourd'hui une « esthétisation » de l'existence et une difficulté des arts proprement dits à se situer dans ce contexte. L'opacité des mythologies contemporaines et la prolifération des discours et théories sont autant de raisons de développer une réflexion dédiée en propre à ces questions.

Or, paradoxalement, en tant que discipline à part entière du champ philosophique, l'esthétique est mal connue, volontiers marginalisée ou abandonnée aux intuitions les plus vagues.

L'ambition de ce dictionnaire est de contribuer à une cartographie de son territoire. Il fait le choix d'une approche notionnelle, centrée non pas sur les auteurs ou sur les oeuvres mais sur les concepts, leur définition, leur généalogie, leurs contenus et leurs relations.

À travers plus de 240 entrées, sont ainsi abordées les principales questions relatives au fonctionnement de l'art, au niveau ontologique, sémiotique, intentionnel, évaluatif, etc. Quelques articles plus spécifiques portent sur des aspects caractéristiques de certains arts, notamment visuels.

Enfin une trentaine d'essais ouvrent de véritables perspectives sur des tendances contemporaines - comme les arts de masse, l'écologie ou la cognition - et proposent des relectures des grandes interrogations philosophiques.

Cette nouvelle édition, enrichie d'une quinzaine d'entrées et essais, confirme la vocation de référence de cet ouvrage.

Laid

de l'ancien allemand leid « désagréable, fâcheux » ; Leid « souffrance ».

Ce qui s'éloigne ou prend le contre-pied d'une valeur positive (morphologique, physique, esthétique ou morale) et suscite souvent un mélange de dégoût et de fascination.

On appelle communément laideur ce qui s'écarte d'une conception de la perfection ou d'une norme préconisée (le beau). Sur le plan moral, elle réfère à la démesure tragique, au malsain et à tout ce qui relève des passions non maîtrisées, telles que la fureur, la violence ou la folie.

Au niveau morphologique, le laid renvoie à l'informe, au difforme ou au déformé, au sens de ce qui n'a pas encore été façonné ou qui est sans contours définis (idée de chaos, d'obscurité, de béance, de confusion) et qui présente une dégradation ou une altération, ainsi une bouche qui hurle, un visage défiguré par la souffrance, un corps mutilé, détruit ou démembré.

Les effets que suscite le laid ne sont certainement pas étrangers au fait que la représentation de la laideur dans la littérature et les arts visuels ait soulevé maints débats, notamment au XVIIIe siècle, autour de la figure du Laocoon et des limites de la représentation de la souffrance et des tourments liés à l'agonie et à la mort (Winckelmann, Lessing, Goethe). Par la suite, les débats autour du beau et du laid conduiront les romantiques à un basculement des conceptions dominantes sur la beauté. Le « laid », à la fois grotesque et sublime, devient partie intégrante du beau, voire le « beau lui-même », et ses caractéristiques sont élevées au rang de principes artistiques (dans les esthétiques du fragment et de l'inachevé, de la disharmonie, voire de la désagrégation et de l'hétéroclite, etc.). C'est en 1853 qu'est publié le célèbre ouvrage de Rosenkranz, Esthétique du laid, qui, malgré une approche encore très marquée par le néoplatonisme chrétien, est néanmoins le premier ouvrage d'esthétique qui tend à postuler quelque chose comme une « autonomie de la laideur ».

Biographie

Jacques Morizot et Roger Pouivet sont tous deux professeurs de philosophie, respectivement à l'université de Provence et à l'université de Nancy. Ils se sont entourés d'un comité scientifique comprenant Dominique Château, Danièle Cohn, Jean-Pierre Cometti et Bernard Vouilloux, et de près de 80 rédacteurs dont une importante proportion de jeunes chercheurs.

Avis des lecteurs