Le neveu de Rameau

Diderot

Raison, Philosophie et Dialectique

Suivi du Neveu de Rameau

2013, ce sera l'année du grand tricentenaire de la naissance de Denis Diderot (1713-1784). Les célébrations ne manqueront sans doute pas, tant en est gourmande l'industrie académique des centenaires, qui s'essaie à ranimer des personnages autrement voués à l'oubli. Ce n'est pas le cas de notre auteur. Diderot se passe bien de cette échéance nerveuse.

Ce livre de Jacques D'Hondt - qu'inaugure la collection consacrée aux rationalismes de toutes les époques - n'est pas l'ouvrage d'un « diderotiste » de profession, mais celle d'un philosophe éminent qui se confronte à des problèmes actuels, comme l'explique bien sa conclusion : « Il y a des commémorations qui tentent vainement de réveiller des morts. Diderot n'a pas besoin d'être réanimé, il nous introduit à la modernité et, quand nous le lisons, ce n'est pas nous qui le ressuscitons, c'est lui qui nous réveille encore ». Le Diderot de D'Hondt est un penseur dialectique. Et pour savoir ce qu'est la dialectique, chez Diderot et en général, c'est à travers la loupe de Hegel et de Marx qu'il tentera de nous la présenter, dans une image originale de l'auteur de l'Encyclopédie. « Dialectique » est la capacité qu'a Diderot de tenir toujours ensemble les pôles contraires d'un monde historique qui s'interroge sur lui-même, capacité de les représenter en acte et d'expliquer le sens de ce « tout » individuel, unique, qu'ils produisent. Le Neveu de Rameau, dont on reproduit en Appendice l'édition de 1863 que lisaient Marx et Engels, incarne la figure paradigmatique de cette dialectique qui se charge d'exprimer, librement et impudemment, la contradictorialité historique irréductible du réel.