Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 250 pages
Poids : 395 g
Dimensions : 16cm X 24cm
EAN : 9782729707149
Discours et vérité dans Les voyages de Gulliver de Jonathan Swift
Quatrième de couverture
Gulliver se vante (ou s'excuse) de n'avoir rien que de très «commun» à raconter, contrairement aux autres auteurs de récits de voyages, qui ont tant de choses extraordinaires à dire. De fait, ce dont il parle, ce n'est pas de pygmées ou de géants, d'île volante ou de chevaux qui pensent : c'est de ce qu'il y a de plus commun entre les hommes, puisqu'il s'agit de l'espèce humaine, de la définition de la «nature» de l'homme, et de ce que l'homme a fait de cette nature au cours de son histoire individuelle et collective. Tout le livre illustre et dénonce l'abjection à laquelle l'homme n'a cessé de consentir, cette «perte du propre» (J. Kristeva) qui le condamne à la dérive loin du lieu de la Vérité, dans les errances d'un discours qui l'en éloigne à mesure qu'il cherche à s'en rapprocher. Cette malédiction se manifeste dans les vicissitudes du texte même que Gulliver offre au lecteur, texte sans origine ni autorité, dans le langage qui l'oblige à dire «la chose qui n'est pas», dans l'état de la cité livrée à la corruption, dans l'histoire du monde mené au désastre par l'intrigue et le mensonge. L'homme est ainsi condamné à une inéluctable dégradation que les errements de la modernité politique, idéologique, épistémologique aggravent au-delà de toute rémission. La quête de la Vérité bascule de l'utopie à la dystopie, de la satire à la métaphysique, de l'ingénuité à l'horreur, tout au long des voyages du marin le plus catastrophique de la littérature. Gulliver est amené pour finir à porter témoignage d'une expérience de l'impossible, dont sa santé mentale fait les frais, au terme de ce «Grand Tour» paradoxal dans l'envers du monde.