Dix mois dans les maquis de Tito

"Nous sommes aujourd'hui en l'an de grâce 2001. Souvent mes pensées m'entraînent vers le passé ; vers ce passé qui, pour moi, restera toujours présent quoique se situant à près de soixante années d'ici ; vers ce passé qui hurle encore la douleur du monde qui resurgit de l'époque lointaine de mes souvenirs...

La grande majorité des Français des autres régions de notre pays continue d'ignorer le drame qui a endeuillé notre jeunesse, celui de l'annexion de fait de l'Alsace et de la Moselle à l'Allemagne hitlérienne de 1940 à 1945. Restent méconnues également - et de toute évidence vouées à l'oubli - l'incorporation de force dans la Wehrmacht et les souffrances inimaginables qu'eurent à endurer les ressortissants de nos trois départements de l'Est.

Ils étaient 130 000 à avoir dû plier l'échine et se soumettre à leur corps défendant. Aux 40 000 d'entre-eux qui ne sont plus rentrés dans leurs foyers - morts ou disparus - je dédie mon témoignage."

Ainsi s'exprime le rescapé Lucien Bergantz, incorporé de force dans l'armée allemande en 1942, envoyé en Yougoslavie où, grièvement blessé, il échappe de justesse à une exécution sommaire par les partisans de Tito. Ceux-ci, tenant compte de la nationalité française dont il se prévalait, finirent par l'admettre comme un des leurs, porteur du calot à étoile rouge...