1er juillet-31 décembre

Il est des moments dans la vie internationale où tout s'emballe. Le second semestre de l'année 1973 est de ceux-là. Quelle soit spectatrice ou actrice, la diplomatie française se trouve malmenée par ces événements. Les essais nucléaires français suscitent la réprobation des États riverains du Pacifique, et même la rupture des relations avec le Pérou. Le contentieux sur l'émigration tend les relations avec l'Algérie et la révision des accords de coopération avec les États d'Afrique francophone est épineuse. Dans l'ancienne Indochine française, les accords de Paris de janvier 1973 ne sont pas respectés et les opérations militaires ont repris : notre ambassadeur à Saigon insiste sur les risques d'une situation dont « pour l'essentiel l'issue nous échappe en France ». Le coup d'État au Chili contre le président Allende a un énorme retentissement en raison des interférences en politique intérieure.

Mais c'est évidemment la guerre du Kippour qui bouscule tout l'agenda. Comme les autres pays européens, la France est soumise à de fortes pressions : flottement du dollar, diminution des flux pétroliers et augmentation des prix, absence totale de concertation entre les États-Unis et les membres de l'Alliance atlantique. À ces défis, les réponses de la diplomatie française ne sont pas toutes couronnées de succès : projet de conseil européen, mise en avant de l'identité européenne, développement du nucléaire civil et ventes d'armements, resserrement des liens avec les pays du Golfe. Une problématique destinée à durer ; c'est dire l'importance essentielle de cette période saisie à travers les archives du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.