Formes graphiques

L'écriture n'est pas la parole, mais la déconstruction de la parole, dans sa double dimension, gestuelle et vocale. L'écrit interpose un écran, qui essaie d'être un pont, entre l'auteur et le lecteur, entre le lecteur et le monde, entre moi et ma pensée. Écrire, lire, c'est accepter de faire le deuil de l'interaction physique et symbolique.

On peut distinguer les écritures à la fois suivant leur mode de traduction graphique et selon leur degré de fragmentation de la langue parlée : écritures iconiques, écritures phonologiques ; écritures de « phrases », de mots, de racines lexicales, de syllabes, de lettres. Existe-t-il un lien entre forme graphique et forme de pensée ?

Oui, si l'on admet qu'une forme graphique répond à un projet spécifique de construction de la réalité et suscite dans l'esprit de ses usagers une certaine « lecture » des choses. À titre d'hypothèses : plus l'écriture se phonétise, plus la pensée se fait discursive ; plus l'écriture se déprend du contexte, plus la pensée théorise ; plus les unités graphiques s'amenuisent, plus la pensée analyse.