Edmond Charlot (1915-2004), vécut à Alger, Paris, Izmir, Tanger et Pézenas et fut libraire, éditeur, ami des peintres, homme de radio et animateur culturel.
1915, 15 février, naissance à Alger, dans une famille arrivée en Algérie dès 1830.
1921-1932, école primaire puis Notre-Dame d'Afrique (jésuites).
1932-1934, classes de rhétorique (première) puis de philosophie au Grand Lycée d'Alger.
1934-1936, étudiant à la faculté des lettres, université d'Alger.
1936, mai, premier ouvrage - en faveur de l'Espagne républicaine -, premier « engagement ». Novembre, ouverture des Vraies Richesses, première librairie, première exposition de peinture.
1937, il édite le premier livre de Camus et des titres de M.-P. Fouchet, Fréminville, J. Grenier...
1938, revue Rivages ; comité de direction, Audisio, Clot (auteurs), Hytier, Heurgon (universitaires).
1939, quasi interruption d'activité éditoriale due au service militaire et à la mobilisation.
1940, reprise difficile et traductions « méditerranéennes » (García Lorca, Enrico Terracini).
1941, premier prix littéraire avec Janon et ouverture du catalogue aux auteurs lointains, Rilke, Stein.
1942, année de pénuries et dernière année sous la censure de Vichy ; de beaux engagements néanmoins avec Pierre Emmanuel ou E. Muñoa.
1943, après le débarquement anglo-américain, Alger devient capitale de la France libre et Charlot un de ses éditeurs
les plus productifs : Aron, Bringuier, Glarner, Kessel, Soupault, Vercors... Dans le cadre de sa mobilisation et de son affectation au secrétariat à l'Information par les nouvelles institutions françaises, il contribue aussi aux quinze publications des Éditions France.
1944, revue L'Arche, dont il devient gérant. Le rôle de conseiller littéraire qu'assuma Camus (1936-1942)
revient à Amrouche. Charlot édite d'illustres Français réfugiés à Alger (Druon, Gide, Tzanck) ainsi que les alliés soviétiques, anglais, américains. Il ouvre un autre local, rue Michelet.
1945, libération de Paris ; le gouvernement provisoire quitte Alger et, toujours mobilisé, E. Charlot reçoit une
affectation au ministère de l'Information. Le siège parisien de sa société, d'abord succursale, devient siège principal. Le Mas Théotime, très grand succès éditorial, obtient le prix Renaudot.
1946, Faucheux crée de nouvelles couvertures pour ses ouvrages. Compte tenu des distances et des techniques d'alors, les réimpressions parisiennes de titres parus à Alger équivalent à une première édition. Nouvel engagement : il édite des livres fondamentaux sur le « problème algérien » (Cathala, Roblès, Tubert). À nouveau le prix Renaudot, pour La Vallée heureuse.
1947, les difficultés financières (trop de livres, trop vite) le contraignent à laisser la gérance au second semestre. Amrouche le remplace à compter de décembre, et il exécute les contrats cédés, car la nouvelle gérance poursuit le travail commencé par Charlot qui jouera un rôle de conseiller. Il faut cependant abandonner de nombreux projets. L'Arche s'arrête. Gide obtient le prix Nobel.
1948, Charlot retrouve Alger, le 14 rue Michelet ; il travaille aussi à Radio-Alger. Son frère a repris la librairie du 2 bis rue Charras. À Paris, Roblès reçoit le prix Femina.
1949, les éditions Charlot produisent à Paris quelques titres d'amis fidèles mais la plupart des auteurs reprennent leurs droits. Abandonnent-ils Amrouche ou Charlot... qui à Alger se relance dans l'édition avec Méditerranée vivante et Rivages, nouvelle librairie-galerie.
1950, après quatre ultimes titres, liquidation et dispersion du fonds parisien, soldé, rejaquetté.
1951-1961, Charlot, libraire, éditeur modeste (demi-douzaine de titres) créateur du prix Rivages (trois fois attribué) et galeriste ; il expose à Comte Tinchant les plus beaux noms (une cinquantaine) de plasticiens d'Algérie. En 1957, Camus reçoit le prix Nobel.
1961, septembre : deux plasticages détruisent sa librairie et ses archives.
1962, activités à la radio France 5 d'Alger.
1963-1966, à Paris, aux archives de l'ORTF, il produit des disques sur différents écrivains.
1966-1969, à Alger, l'ambassadeur Gorse le rappelle en vue d'établir « un lien de confiance et d'amitié entre cette ambassade et les milieux intellectuels et universitaires de l'Algérie nouvelle ».
1969-1973, directeur, centre culturel français d'Izmir, Turquie.
1973-1980, directeur, centre culturel français de Tanger, Maroc. Prix Nobel, en 1977 à Vicente Aleixandre (in n°
1 de Rivages) et, en 1979, à Elytis Odysséas (in n° 10 de L'Arche).
1980-2004, retraite active à Pézenas : il aide à l'ouverture d'une librairie, organise des expositions, édite quatre
derniers titres, lance une collection, une association...
2005, La médiathèque de Pézenas porte son nom et accueille un fonds de ses éditions.