Elle court, elle court... la nuit

De 1978 à 1982, dans Le Matin de Paris, un hurluberlu au rire tonitruant signe la plus drôle, la plus enlevée des chroniques hebdomadaires : « Elle court, elle court... la nuit. » Amusant ses lecteurs jusqu'au fou rire, moquant avec entrain tout un petit monde de paillettes, Jean-Michel Gravier, d'une plume à la hussarde, assure à lui seul le succès du journal.

Coluche, Deneuve, Lagerfeld, Pancol, Mourousi, Depardieu, Daho, Anouk Aimée... Au fil de ses escapades nocturnes, tout le gratin d'une époque côtoie les people de demain. Et tandis qu'à Libération le dandy punk Pacadis se fait « reporter de l'underground », Gravier, préférant le smoking au perfecto, s'enflamme pour une jeune actrice nommée Adjani, applaudit sans fin Diva de Beineix ou raconte une soirée au Palace au cours de laquelle Frédéric Mitterrand, travesti en Lana Turner, chanta sur un trapèze...

Mais, si « JMG » flirte, plaisante et caresse, l'insolent sait aussi cogner. Après mai 1981, il ose ridiculiser Roger Hanin, Christine Ockrent, Anne Sinclair et narrer les malheurs de « John Peter The Kabbach ». Ce persiflage ne durera pas. Trente ans après, ses articles renvoient l'écho d'une époque de fête, d'excès et de mélancolie. Ce livre en rassemble plus de cent, augmentés d'un texte devenu introuvable, « Classement général ».