Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 251 pages
Poids : 100 g
Dimensions : 15cm X 22cm
EAN : 9782907655330
En surnombre...
un camp de travailleurs étrangers en France
1940-1945
Quatrième de couverture
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la France a eu son archipel de la honte : un réseau de camps de travail appelés "Groupements de Travailleurs Étrangers". L'objectif était double : d'une part, tirer profit d'une main-d'oeuvre captive et bon marché, "en surnombre dans l'économie nationale" ; d'autre part, surveiller des individus aux opinions "suspectes" ou "douteuses". Comble de l'infamie, les GTE furent aussi des corridors conduisant à d'autres univers concentrationnaires : les centres de mise à mort nazis, les chantiers militaires allemands, les camps d'internement contrôlés par le régime de Vichy...
À l'instar d'autres départements français, l'Ardèche a connu ces GTE où sont passés plusieurs centaines de proscrits : républicains espagnols, juifs étrangers ou "dénaturalisés", antinazis allemands, anciens combattants tchèques, réfugiés arméniens, russes blancs, immigrés de toutes nationalités... Les GTE de ce département rural constituent un "modèle réduit" de ce vaste système néo-esclavagiste qui fut mis en place par le régime de Vichy et qui ne disparut définitivement qu'en 1945.
Connu pour ses enquêtes sur les zones d'ombre des deux guerres mondiales, Hervé Mauran est parti sur les traces de ce passé enfoui. Il a dépouillé des archives publiques inédites, il a recueilli de nombreux témoignages écrits ou oraux, il a déniché de remarquables photographies d'époque, il a retrouvé les innombrables lieux où cette histoire s'est tissée. Au fil d'un récit sérieusement étayé, le lecteur voit rejaillir des communautés, des événements, des lieux, des personnages etc.
Ces camps jusqu'alors oubliés permettent aussi de dévoiler la France rurale des années 40, avec ses certitudes et ses doutes... Une France d'ombre et de lumière qui n'a pas eu, face à l'étranger, une posture unique. Les campagnes ont souvent mieux accueilli qu'on ne le pense ceux que l'on avait décidé - au sommet - de bannir. Pour les travailleurs étrangers qui ont échappé aux infâmes livraisons, ces chantiers ont même souvent marqué la première phase d'une intégration : intégration par le travail, par le mariage, par le combat contre le "nouvel ordre européen"...
Reliant le passé au présent, "en surnombre..." est aussi une invitation à ne pas rester indifférent face aux procédures d'exclusion et de discrimination qui, dans le monde contemporain, peuvent ouvrir la voie à l'internement sur une grande échelle.