Collection(s) : Publications du Centre interuniversitaire de recherche sur la Renaissance italienne
Paru le 21/02/2019 | Broché 348 pages
Professionnels
Qu'elles recourent à la violence, à la séduction ou au sacrifice, les héroïnes bibliques sont les supports malléables d'une inventivité expressive toujours recommencée. Les turbulences religieuses, depuis la fin du XVe siècle jusqu'à l'application des décrets du Concile de Trente, leur donnent un écho particulièrement troublant. Si Esther et d'autres séduisent, mais subissent la violence d'autrui, Judith, elle, séduit et tue, inspirée par Dieu et au nom de sa patrie. Figure indéchiffrable, dont la culpabilité est indécidable, où les raisons de la théologie, de la politique et de la morale s'enchevêtrent, s'associent, se contredisent pour offrir aux prédicateurs, poètes, romanciers, peintres, sculpteurs, musiciens, un objet de réflexion complexe sur leur présent à partir d'un lointain passé. Le lecteur pourra donc retrouver les visées initiales dépaysantes des Livres saints (canoniques ou non) et des commentateurs, et il pourra suivre de publics en genres, de genres en siècles, de régions en États, le combat du refoulé contre l'ostensible, les croisements de regards masculins sur le féminin. On parcourt ainsi les principaux modes opératoires utilisés en France et en Italie dans cette période de Première Modernité face à la scandaleuse polysémie de Judith et de certaines de ses consoeurs.