Epreuves du grand moment

La poésie de Marc Fontana est une quête du bonheur, aussi bien dans le regard offert aux choses, la découverte tenace des sensations claires ou obscures qui le lie intimement à la nature, que dans la démarche amoureuse. Même s'il n'y a pas d'âge d'or, même « impensable, l'innocence n'en est pas moins une fin », et il est nécessaire de façonner une forme de soi-même qui allie le « corps primitif » aux plus suaves subtilités de la poésie, une forme qui échappe au temps, aux masques et aux trahisons. Et c'est dans le cercle de l'amour, dans la complicité de la femme aimée et d'un jardin, de la femme attendue et d'un voyage, de la « déhanchée fraternelle », des feuilles et de l'apparence, que le drame de l'histoire s'apaise, dans les mots échangés ou écrits que la vie prend un sens, donne à la chair, à la parole la place qui leur revient, et qui doit être la première, sans que pour autant l'on oublie les exigences de la lutte pour que la dignité de l'être humain s'impose partout. Du « panier des sources » à la « commission d'histoire », les armes de l'amour sont réunies pour rendre à ce monde marqué par les guerres un espoir, d'abord une connaissance de ce qui donne à la vie son prix, comme la beauté, comme ce paysage méditerranéen brodé d'ailes et de blessures, ce soleil de la beauté que les Grecs regardent en face, cette lumière qui est plus qu'un « sursis à la mort », autre chose qu'une démesure, cette lumière qui tremble dans tous les poèmes de Marc Fontana, comme une mémoire enfin respirable, une mesure où l'on trouve « la place des choses » et la vacance éblouie des êtres.