Espace et histoire de l'université américaine

Espace et histoire de l'université américaine

De Bologne à Harvard

L'université américaine est plurielle. Cette diversité qui se traduit institutionnellement, académiquement et géographiquement, est à la fois le fruit d'un héritage particulier et d'un contexte précis : les différentes facettes du paysage universitaire nord-américain ne s'expliquent pas uniquement par l'immensité du pays, mais également par les conditions de l'apparition de l'université aux États-Unis. Ainsi, la filiation européenne et la grande autonomie des établissements américains sont liées à la séquence particulière du peuplement du pays, tandis que cette autonomie a permis l'émergence d'institutions puissantes et hiérarchisées. Par ailleurs, depuis l'exportation des universités européennes aux États-Unis, espace et histoire se sont conjugués pour former par vagues successives une carte universitaire américaine distincte. Cette dernière exprime d'ailleurs la relation complexe qui existe entre une institution indépassable et en constante évolution et les mutations sociales et institutionnelles du pays.

Dans le Massachusetts, ce rapport est particulièrement présent, et cet État représente toujours un concentré de l'enseignement supérieur américain. À un autre niveau, l'université de Harvard illustre bien toute la dynamique universitaire américaine. L'établissement privé le plus ancien, le plus performant et le plus riche du pays, est l'institution qui fait historiquement le lien entre l'Europe et les autres établissements américains. C'est aussi un établissement qui, paradoxalement, rayonne dans le monde non en s'exportant, mais en attirant les meilleurs étudiants sur son campus et en maîtrisant sa géographie immédiate.