Esquisse du jugement universel

Le tribunal de Dieu est ici montré avec satire et ironie. Alfieri qui a écrit ce texte directement en français nous présente un Dieu et sa suite, Marie et son fils, d'une façon presque sacrilège, du moins tout à fait prosaïque.

Dieu

Ah, ah, puisque c'est ainsi, faites venir la Mère de mon fils, qui n'est pourtant pas ma femme, degré de parenté dont je rougirais, si je pouvais être sujet aux vicissitudes humaines.

Marie

Seigneur, je suis prête à vos ordres, que me voulez-vous ?

Dieu

Que vous jugiez les femmes, mais qu'oubliant que vous faites à présent partie de la divinité, vous ne les jugiez qu'en femme.

Marie

C'est à dire impitoyablement ; je vais donc vous obéir, qu'on introduise les âmes des trépassées.

Un Chérubin

Madame, c'est qu'il y a trois ou quatre âmes qui veulent entrer toutes à la fois, et je ne puis les retenir dans l'ordre.

Marie

Eh bien, laissez entrer la plus âgée.

Un Chérubin

Madame, elles se sont retirées toutes de la porte et elles se font des politesses pour entrer.

Marie

Faites donc venir la plus chaste.

Un Cherubin

Madame, c'est encore pire, aucune n'ose plus s'avancer.