Essai sur le jeune cinéma français

En 1960, André S. Labarthe, alors critique aux Cahiers du Cinéma, publiait son Essai sur le jeune cinéma français. Le livre n'a jamais été réédité. Pourtant, la parole de Labarthe ne s'efface pas, sa pensée du cinéma se constitue au contraire dans une durée qui excède largement les objets sur lesquels elle s'exerce. L'Essai est bien un livre rare qui a une particularité imprenable : embrassant à chaud l'actualité du cinéma par une analyse pointue et la décantant dans une synthèse aérienne, il se constitue comme un témoin historique de premier ordre sur toute la nouveauté du cinéma telle qu'elle se configurait à ce moment-là. Labarthe réunit cinq cinéastes dont il analyse les premiers films : Franju, Rouch, Marker, Chabrol, Resnais. Tous, par des voies différentes, trouvent le chemin de la modernité parce que leurs oeuvres respectives s'enlèvent sur une intrication, étroite comme une symbiose, entre le mouvement de la pensée filmique et le mouvement des idées en cours, leur vitesse comparée. C'est pourquoi l'Essai sur le jeune cinéma français vaut à la fois pour un reportage d'actualité et une étude au long cours et sa brièveté exigeante en fait le modèle par excellence d'une pensée clairvoyante, sinon visionnaire.

(Extraits de la préface de Maxime Scheinfeigel, professeur en esthétique du cinéma à l'Université de Montpellier)