Et mon ombre se déshabille

Quatre années de la vie d'un jeune ambitieux dans le Paris étudiant des années 1960 - celles d'avant 68 - se déroulent sous nos yeux. Et trente ans plus tard, par séquences que l'on découvre intercalées au cours du récit, on y voit présenter le solde sanglant d'une intrigue qui a déjà fait deux victimes.

Loin d'être un nouveau Rastignac, Alex n'a pour ambitions que celle, somme toute légitime, de quitter un statut de fils de pauvres et celle, banale, d'assouvir sa passion des femmes. Le choix des moyens lui importe peu, si bien que sans vouloir y prendre garde il s'engage dans un pacte dont les implications mortifères lui apparaîtront tardivement.

Plus que la vie d'Alex, le narrateur, ce roman est en réalité une ode aux femmes qu'il aura rencontrées. Amante spontanée, puissante dominatrice, amoureuse absolue ou manipulatrice aux desseins ambigus, ce sont elles dont les destins tracent les lignes de force d'un roman à la fois réaliste, ironique et sombre, où se mêlent analyse psychologique, peinture sociale et tension d'une intrigue policière.

« Je n'avais pu me rendormir qu'à l'aube, sommeil agité d'un cauchemar dont il me restait un souvenir confus. Je refusais d'aller vers un lieu obscur, menaçant, où voulaient m'entraîner des êtres qui disparaissaient puis revenaient ; quelque chose me disait qu'il s'agissait de femmes mais je n'en distinguais pas les visages, des femmes toujours différentes et dont je savais que c'était toujours la même. Un rêve, rien d'autre. »

Un rêve peut-être prémonitoire dont Alex, mû par un désir d'ascension sociale et un goût marqué pour les aventures amoureuses, devrait pourtant se souvenir alors qu'il reste sûr de lui en regardant celle qui...

« ... joue beaucoup de ses yeux verts, fendus comme ceux des loups mais je ne suis pas le Petit Chaperon Rouge. »