Extravagances amoureuses

Au regard de la loi chrétienne selon laquelle l'homme et la femme ne doivent avoir de relations sexuelles que dans le mariage et en vue de la procréation, la Renaissance, qui revalorise au côté de l'âme les instances du corps et de l'esprit, revendique un droit à l'extravagance, laquelle bénéficie d'une remarquable tolérance, à la fois sociale et littéraire. Cette tolérance n'a cependant rien de pacifique : de la coexistence de deux tendances contraires et complémentaires - la normalisation de l'extravagance et l'affirmation de son irréductibilité - naît cette pluralité de pensées et de représentations que le groupe Cinquecento plurale place au centre de ses recherches. C'est un nouvel examen de l'extravagance amoureuse en textes et en images que conduisent les auteurs de ce volume, en s'attachant, loin des généralisations historiques et des simplifications idéologiques et esthétiques, à la variété des contextes socio-culturels particuliers qui font que l'extravagance est ici cultivée et que là elle est sanctionnée. Au terme de l'examen de cette variété, une généralité demeure, celle d'une extravagance qui contient le germe d'une liberté moderne de penser et d'agir, mais qui laisse fort peu de place, dans ses dimensions hétéro et homosexuelles, à l'exploration des richesses de l'altérité et de la dualité et à la libre expression d'une voix féminine.