Fables et récits de l'Epine

Fables et récits de L'Épine

Les fables de La Fontaine ont inspiré nombre d'auteurs en langues régionales. Mais le plus souvent, ils adaptent plus qu'ils ne traduisent. Sous la plume de Colette Devineau, animaux, personnages, paysages se trouvent naturalisés noirmoutrins et, plus précisément, épinerins. Le héron néglige ine charbounére, qui est une anguille noire d'un canal. La cigale doit se métamorphoser en grlét, grillon, que la fourmi, à la fin, envoie ironiquement danser le célèbre Branle de Noirmoutier. Le rat de ville vient ici de la Ville, c'est-à-dire de Noirmoutier- en-l'île, appelée régulièrement la Ville. Le savetier, devenu cordounér, habitant dans la Basse Rue, a affaire à in borjhoes, comme étaient désignés ceux d'au-dessus par les marins, sauniers, paysans. Savoir que le paysan noirmoutrin est in maraechin. Quant au lièvre, il a eu grand tort de s'attarder dans les bistrots du bourg de L'Épine.

Outre les fables, vous lirez des récits en prose touchant l'enfance, le souvenir du père marin, d'un temps béni où l'on fabriquait lés bousas de chauffage en famille. Mais, aujourd'hui, la terre sablonneuse produit des pépites, et le marais Bésér, dou viél, de la fleur de sel, qui est l'or blanc de nie.

Des poèmes célèbrent Mà patoes, qui est une vraie langue, mais non le bon temps qui ne fut pas bun pour tout le monde, comme l'attestent deux témoignages. Des vers satiriques fustigent l'urbanisation qui fait disparaître lés petits gobéts (jardins). Et lés petites mésuns basses protègeront-elles longtemps leurs habitants contre la mer en fornoesie ? Il faut quand même croire au Bouneur : « Ou fout jhusce savoer l'atrapér. » Ce petit poème sonne comme une morale sensible.