Rayon Poésie
Fantaisie bouchère : (grotesque)

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 22 pages
Poids : 400 g
Dimensions : 15cm X 17cm
EAN : 9782844750129

Fantaisie bouchère

(grotesque)


Paru le
Broché 22 pages

Quatrième de couverture

«la mort elle-même était de la fête, en ceci que la nudité du bordel appelle le couteau du boucher.»

Madame Edwarda, G. Bataille

Le boucher est un travailleur bien particulier. De la mort, qui est sa matière première, il fait «cadavre exquis», «cochonneries», etc. Non seulement il donne la mort mais il donne avec la mort le «saindoux», la «pepsine», et aussi l'«engrais», donc la vie.

La mort n'est pas cependant une matière première inerte. Elle entretient des rapports avec celui qui la travaille. La mort est «la femme à le boucher». Cela signifie que la mort n'est pas l'épouse du ou d'un boucher, mais la femme à «le». L'article (du latin articulus) ne détermine ni la mort ni le boucher (en fait ce serait plutôt le contraire) ; il les articule.

C'est que, sous son apparente unité, l'article de la mort cache son propre morcellement, sa propre hétérogénéité («B ! O ! U ! c'est haché»). Le boucher c'est du morcelé, du troué. Or il s'avère que le boucher c'est aussi du «B ! O ! U ! C ! H ! E !», c'est-à-dire du trou bouché qui n'en finit pas de dégorger («coupe-gorge dégorge», «dégorge coupe-groin», etc.), de glouglouter comme un évier bouché : «Le... blut blut boucher ! bouche ! bouche !» [etc.].

Ces «blut blut blut» (sang en allemand), ce sont ces bruits intempestifs (rire, râle, hoquet ou babil) que la langue nous donne à entendre - que nous le voulions ou pas -, quand nous sommes à l'article de la mort, c'est-à-dire à chaque instant de notre vie, dans ce présent incertain - ce «nœud» (au sens argotique et technique) qui articule tant bien que mal le néant, le vide (la mort) au trop plein (le «B ! O ! U ! C ! H ! E !»).

Ainsi se dit (= se vit) la fantaisie bouchère.

Jacques Sivan

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