Faut-il détruire Bagdad ?

Le 11 septembre 2001, le XXI^e siècle débutait dans l'horreur. Le détournement de quatre avions par des fondamentalistes musulmans entraînait la mort de plus de trois mille civils innocents sur le sol américain. En boucle, la même vision d'apocalypse. En boucle, le même commentaire: "Plus rien ne sera jamais comme avant." Un an a passé, une année "d'après 11 septembre". Aux vues des Twin Towers ont succédé les dépêches annonçant de prochaines frappes sur l'Irak. Autres images, autre légende: il faut détruire Bagdad.

Comment Saddam Hussein est-il devenu, en quelques mois, l'ennemi public mondial numéro 1? A-t-on établi sa complicité avec le réseau de Ben Laden? A-t-on la preuve que l'Irak possède des armes de destruction massive? Doit-on craindre une menace nucléaire imminente? Non, non et non. Tout autre est la leçon du 11 septembre.

Ce journal d'une guerre annoncée dissèque mois après mois la manière dont les États-Unis ont tenté d'utiliser l'émotion collective suscitée par les attentats d'Al Qaida pour mener à terme une entreprise entamée une décennie plus tôt: le renversement d'un régime qui ose défier l'Empire et la mise au pas d'un peuple qui vit, pour son malheur sur la route du pétrole.