Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 418 pages
Poids : 550 g
Dimensions : 16cm X 24cm
EAN : 9782747582414
Figures du mensonge littéraire
études sur l'écriture au XXe siècle
Quatrième de couverture
«Mensonge!» ce qualificatif retentit comme un jugement manifestement négatif, dénonçant un comportement de ruse ou de calcul qui demeure condamnable par comparaison avec son contraire, la vérité, vertu qui serait exigible en tout lieu. Cependant, au cours du XXe siècle, nombreux sont les écrivains qui ont rencontré une défaillance radicale située au coeur du langage, un point d'opacité qui ôte aux représentations leur crédibilité, qui leur confère un caractère de fausseté. Pour certains, ce défaut est omniprésent, au point d'imposer la perception que les mots mentent dans la mesure même où ils signifient, dissimulant mal l'absence qui fonde le langage et la solitude qui en résulte. Même l'injonction de livrer la vérité apparaît comme un leurre, inapte à donner une assise à aux représentations et à traiter la dimension imprescriptible du désir. Ce constat engage, alors, les fondements mêmes de la création littéraire: loin de se résigner, chaque auteur se voit dans l'obligation vitale d'inventer son propre «mensonge vrai» dans un effort pour tromper l'innommable et se construire un monde enfin consistant.
Ce livre propose une approche du thème du mensonge chez certains écrivains parmi les plus innovants de notre temps: Giono, chez qui l'exaltation du sublime poétique et de la toute-puissance du mensonge trouve sa mesure dans l'invention du conteur; Genet, tenaillé par l'omniprésence du simulacre qui recouvre la vérité fantasmatique de l'assassinat, et qui conclut son oeuvre par un témoignage vrai; Proust, chez qui les ruses persécutrices du menteur et de l'inquisiteur trouvent leur point d'achoppement dans une absence radicale de vérité, rendue opérante dans la création littéraire; Aragon qui, dans l'absence d'une reconnaissance paternelle, trouve barrée la voie vers le vrai, et pour qui l'écriture apporte une suppléance; Duras, dont les personnages s'affrontent à l'impossibilité de nommer un instant de ravissement, abîme qui prête son éclat à la mise en forme fictionnelle; Jabès, dont l'écriture inscrit un indicible qui ne supporte que les prête-noms de Dieu et du Livre; Sarraute qui, trouvant dans la vérité transgressive une première réponse au leurre de la beauté, recourt au non-vrai des tropismes qui marque le caractère irréductiblement équivoque du langage.
La singularité de la construction élaborée par chacun de ces auteurs - et qui engage l'ensemble de leur création littéraire - ressort dans l'étude détaillée qui lui est consacrée: le lecteur est invité à se laisser guider par sa curiosité.