Fournier, précurseur de l'écologie

Patrick Gominet est né le 7 septembre 1956 à Villeneuve-Saint-Georges. Ancien militant écologiste, professeur d'histoire-géographie à Montpellier, il est titulaire d'un master en histoire contemporaine et travaille depuis plus de dix ans sur le mouvement écologiste.

Danielle Fournier est née le 25 décembre 1942 à Toulouse. Elle a épousé Pierre Fournier en 1965 avec qui elle a eu trois enfants. Après la disparition de son mari, salariée par Charlie-Hebdo, elle apprend le métier de journaliste, collabore à La Gueule ouverte, puis à Pomme d'Api, Science et Vie Junior et Centre Inffo. Elle partage son temps entre la Savoie, Paris et Calcutta. Depuis quelques années, elle consacre une partie de sa vie à classer, répertorier, analyser et mettre en lumière l'oeuvre de Pierre Fournier. En 2003, elle a présenté Carnets d'avant la fin du monde, paru aux Cahiers dessinés.

Pierre Fournier est né le 12 mai 1937 à Saint-Jean-de-Maurienne, en Savoie. Fils d'instituteurs pratiquant eux-mêmes la méthode pédagogique Freinet, il prend des cours de violon, dessine et écrit des récits qu'il publie dans le journal de l'école.
En 1953, la famille s'installe à Nogent-sur-Marne. Après le lycée Charlemagne à Paris, il est admis à l'École nationale supérieure des arts décoratifs, puis réussit le concours de professeur de dessin de la Ville de Paris - métier qu'il ne pratiquera pas.
C'est en 1962 qu'il publie ses premiers dessins dans Hara-Kiri. Mais, pour gagner sa vie, il travaille à la Caisse des dépôts et consignations.
Le 18 mars 1967, lors du naufrage du pétrolier Torrey Canyon en Bretagne, apparaissent les mots pollution et environnement. Fournier signe une série d'articles sous le nom de Jean Neyrien Nafoutre de Séquonlat.
En janvier 1968, il aborde la question du nucléaire. L'année suivante, il rédige un premier manifeste écologiste qui fera date.
Dès 1970, grâce à ses articles dans Hara-Kiri et Charlie Hebdo, il reçoit une avalanche de courrier, et devient malgré lui le porte-parole de la contestation écologique naissante.
En avril 1971, c'est la marche contre la centrale nucléaire de Fessenheim ; en juin, celle contre le PC atomique du Mont-Verdun près de Lyon ; en juillet - avec 20 000 personnes - celle contre la centrale de Bugey...
À Charlie Hebdo, convaincus par la ferveur des lecteurs, Cavanna et le professeur Choron lui offrent la possibilité de créer son propre journal en novembre 1972 : La Gueule ouverte, premier mensuel écologiste. Mais l'aventure, pour Fournier, est de courte durée : le 15 février 1973, après un long débat à Annecy avec la rédaction et des lecteurs, il monte à Paris corriger des épreuves. Après une vive discussion avec son ami Cavanna, épuisé, il meurt d'un infarctus.
L'équipe de Charlie Hebdo, ses lecteurs et une foule de militants assistent à ses obsèques à Pont-de-Beauvoisin.