François Mauriac

Les derniers ouvrages publiés par l'Association internationale des amis de François Mauriac témoignent tous de l'importance que l'auteur des Blocs-notes attachait au dialogue littéraire et philosophique, aussi bien pour affirmer une «fraternité» entre contemporains ou l'appartenance, par-delà les siècles, à une famille d'esprit, que dans une intention beaucoup plus polémique et combative. Ce collectif sur les lectures de Mauriac, nourissant une création incessante, depuis les textes d'avant le premier conflit mondial jusqu'aux Nouveaux Mémoires intérieurs, trouve aussi toute sa place dans une série d'approches critiques qui tracent le portrait d'un Mauriac avide de débats, d'échanges, curieux de livres nouveaux, et fidèle tout à la fois aux grands textes classiques de sa première jeunesse. Dans un beau passage de Commencements d'une vie Mauriac a évoqué son enfance studieuse qui fut à l'origine de sa vocation d'écrivain: «Quand je me rappelle la passion avec laquelle je lisais alors, je juge qu'aujourd'hui, je n'aime plus la lecture: "il dévore les livres, disait ma mère, on ne sait plus que lui donner". C'est que maintenant une autre issue m'est ouverte: je me délivre dans l'invention. Enfant, les livres des autres m'étaient l'unique délivrance». Le présent volume aborde quelques-unes des lectures essentielles de Mauriac: Lacordaire, Victor Hugo, Maurice Barrès, Chateaubriand, Francis Jammes, Baudelaire, jusqu'à des contemporains plus controversés comme Jean Genet. Dans tous les cas Mauriac juge des oeuvres avec une sensibilité et une intelligence profondément façonnées par une métaphysique chrétienne qui détermine aussi, comme le montrera un prochain volume, les lignes de force de son esthétique.