Frédéric Clot

Frédéric Clot peint comme un vocaliste indien chante. Ce dernier laisse le son raviner chaque irisation de son corps. La volonté est diffuse, latente comme les traces d'une apocalypse en devenir. Nusrat Fateh Ali Khan, chanteur musulman du Pakistan, donnait peu avant de mourir cette vision lumineuse : « La musique et le texte poétique sont tout. Je ne suis rien. » On verrait volontiers Frédéric Clot prendre à son compte une telle subversion. Rien de moins aisé que de renoncer à la possession - et par là-même à la jouissance - de son travail, mais Frédéric Clot a cette lucidité et ce génie d'abandonner la certitude au profit des fluctuations des mains et du regard. Assurément aucune certitude, mais une indéfectible conviction : celle d'offrir à la matière picturale cette impulsion presque magique, en tous les cas alchimique par la fusion des éléments en jeu.