Gens de pays

Jean-Luc de Laguarigue photographie souvent ses personnages à côté de leur poste de télévision allumé : occasion pour l'artiste de ne plus laisser l'image disparaître dans un flux, mais d'arrêter le flux sur une image et d'en faire, le temps de la pose, une photographie. Il semble par là nous amener à nous demander : nos yeux saturés d'images savent-ils encore en regarder une ?

La Martinique est aujourd'hui livrée au cliché-cocotier, au cliché-paysage-de-rêve d'où les gens sont absents. Le travail photographique de Jean-Luc de Laguarigue part de ce double constat : un pays où il n'y a pas de gens n'est qu'un paysage ; un pays qui ne se voit pas par ses propres yeux ne se voit pas. Gens de pays réalise un traitement photographique d'un pays enseveli depuis toujours sous des clichés qui effacent les gens. Dans son objectif, Jean-Luc de Laguarigue ne voit pas des faces, mais regarde des visages.