Gestion du développement urbain et stratégies résidentielles des habitants

Quand, à la fin des années 1970, la notion de stratégie résidentielle a fait son apparition dans les travaux sur les quartiers populaires des villes du tiers-monde, elle a contribué à diversifier les approches des sciences sociales centrées sur les marges de manœuvre des acteurs en raison des pistes nouvelles qu'elle ouvrait. Mais cette «découverte», opportuniste ou ingénue, des stratégies et de leurs effets a également suscité de nouvelles visions, en matière de projets de mise à niveau, d'aménagement ou de développement urbains. A cet égard, qu'en est-il vingt ans plus tard ? Qu'avons-nous réellement «appris» de ces diverses stratégies que déploient les couches défavorisées des villes du tiers-monde ? Quel impact réel ont-elles tant sur la production et la gestion des tissus urbains que sur les conditions de vie des habitants qui les initient ? Sont-elles négligeables et ne concernent-elles que des points de détail pour des habitants par ailleurs complètement englués dans d'incontournables contraintes ? Certaines stratégies de résistance, de contournement ou d'appropriation ont-elles au contraire des effets significatifs et en quoi ont-elles alors été prises en compte dans la fabrication et la gestion urbaines ? Les demandes sociales qu'expriment ces stratégies ont-elles pu influer sur l'offre de ville par les pouvoirs publics et les collectivités, d'une part, et sur l'orientation de l'aide internationale, d'autre part ? Ces questions sont explorées dans cet ouvrage collectif, fruit d'un colloque tenu à Montréal en 1997, lui-même issu d'un programme de recherche sur les stratégies résidentielles conduit par les deux auteures avec la collaboration de Naïma Lahbil-Tagemouati.