Rayon Littérature italienne
Gog

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 289 pages
Poids : 395 g
Dimensions : 14cm X 20cm
ISBN : 978-2-917084-23-6
EAN : 9782917084236

Gog


Paru le
Broché 289 pages
traduction de l'italien de René Patris, augmentée de cinq chapitres inédits traduits par Marc Voline
voltface de Benoît Virot
dessins de Rémi

Quatrième de couverture

Gog est un milliardaire excentrique et cosmopolite fou qui, pour tromper son ennui, parcourt la planète à la rencontre des artistes, des inventeurs et des ingénieurs les plus originaux de son temps... Misanthrope invétéré, il sort déçu de chacune de ses rencontres, qui le renforce dans son idée de la médiocrité humaine : la « musique du silence », la « sculpture invisible », la « chirurgie morale », la vente aux enchères de la république... Tout, dans cette civilisation régie par le nombre et par le progrès, finissant par se vendre, cet homme qui peut tout acheter se meurt d'ennui et d'horreur. Amateur de contrepieds et de paradoxes, Papini délivre, avec humour et exagération, une vision du monde dénuée de tout romantisme, mais ponctuée de quelques visions que n'auraient pas reniées Borges ou Chesterton.

Philosophe, érudit et polémiste, Giovanni Papini (1881-1956) a épousé toutes les avant-gardes avant de se convertir de manière spectaculaire au christianisme, puis de se rapprocher, à rebours de tout son itinéraire, du fascisme. Figure centrale du bouillonnement intellectuel florentin, il fut l'animateur de dizaines de revues iconoclastes, dont la très futuriste Lacerba, et écrivit son autobiographie à l'âge de... 25 ans (Un Homme fini). Misanthrope riant, qui rêvait d'organiser des autodafés hebdomadaires des manuscrits médiocres et des livres sans talent, Papini ne déparerait pas l'Anthologie de l'humour noir.

Censuré par Libération pour sa vision trop radicale de l'actualité, Rémi a publié plusieurs anthologies de dessins acides parus dans les Informations dieppoises. Habitué de Streetburger et d'Hôpital brut, auteur d'un Manuel des techniques de la survie (Jean-Pierre Faur), de courts-métrages d'animation (The End) et d'une édition illustrée de Sade, il fabrique aussi des mouches, des jouets et des machines, et travaille régulièrement pour CQFD.

« Ne te paraît-elle pas misérable, cette vie, et ne te paraît-il pas petit, ce monde ?

Voilà ce que je voudrais te demander, ô très vil lecteur, nabot aveuli qui restes là à lire des pages, à écouter des battements de vie d'autrui, parce que tu ne sais pas accomplir d'actes, parce que tu ne sais pas vivre pour ton propre compte. Cela ne te paraît pas vil, lâche, très lâche ? Un siège t'accueille, devant toi il y a des feuilles cousues, sur ces feuilles il y a des signes noirs, et tu parcours ces signes des yeux et ta petite âme sourit ou pleurniche, voit ou entrevoit, selon que les signes finissent par éveiller tes images somnolentes. Et tu crois vivre, je crois, en lisant des livres. En sortant tu regarderas avec un mépris infini le bas peuple qui n'est pas intellectuel, qui ne fait pas de psychologie et ne se nourrit pas de littérature.

Je suis, te dis-tu en toi-même, un intellectuel, un être raffiné, un penseur, un aristocrate, un homme supérieur, en somme, un membre de l'élite. Le monde tourne autour de moi, c'est pour moi qu'il est fait. Et quand ça ne va pas je donne un coup de pied à l'accessoiriste et je le refais à ma façon. Et ainsi je musarde et je me divertis, et chez moi vous ne trouverez que photographies d'oeuvres célèbres et bonnes éditions d'écrivains réputés. Le col haut et les mots obscurs sont les insignes de mon rang : je suis le roi du temps, le roi de l'esprit, le roi de l'éternité.

Te dis-tu bien tout cela, lâche lecteur ? c'est possible : je le crois, je l'imagine, je le désire. Car c'est pour toi que je parle et je voudrais t'avoir en face de moi, pour que tu sentes sur ton visage le souffle chaud de mon mépris. Et je te méprise, ô lecteur, je te méprise pour une raison terrible, pour une raison odieuse, douloureuse : c'est que je te ressemble beaucoup, que je suis presque comme toi, ô lecteur - c'est que je suis, peut-être, toi... »
Giovanni Papini

Avis des lecteurs

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