La grâce

Le P. Michel Labourdette fut un théologien moraliste d'une envergure exceptionnelle. Son oeuvre paraît enfin. Après le « petit cours », qui est le plus récent, à la doctrine mûrie et au style enlevé, en deux volumes (Parole et Silence, 2010 et 2012), se poursuit la parution du fameux « grand cours », naguère connu sous forme de quinze polycopiés, repris désormais en volumes numérotés.

Ce cours de théologie morale est sans équivalent. Il expose, sous une forme pédagogique, toute la Seconde Partie de la Somme de théologie de saint Thomas d'Aquin, article après article. Il prend en compte les données bibliques, historiques, patristiques et de nombreux problèmes modernes. Surtout, il cherche à poser sur toutes choses un regard de sagesse, fait de clarté, de rigueur, d'objectivité.

Après l'étude des principes intérieurs de la morale (la volonté, la liberté, les passions, les vertus) voici celle des principes extérieurs, venus de plus haut que l'homme, de Dieu principalement. Ce sont la loi (loi ancienne de l'Ancien testament, puis loi nouvelle du Nouveau) puis, à proprement parler, la grâce.

La grâce est étudiée dans la Bible, selon les Conciles, chez saint Thomas, avec nombre de problèmes qui ont préoccupé l'histoire de la théologie : si l'on peut être sauvé sans la grâce ; ce qu'il en est de l'initiative divine et de la réponse de l'homme ; l'articulation entre la Providence éternelle et l'étirement dans le temps de cette réponse ; la grâce et le péché. Au fond, il s'agit de comprendre comment mettre en place l'affirmation : Dieu opère, l'homme coopère.