Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 155 pages
Poids : 206 g
Dimensions : 14cm X 21cm
ISBN : 978-2-86231-549-2
EAN : 9782862315492
Quatrième de couverture
Dans la Corse de la fin du XIXe siècle, le poids de la violence ancestrale régit les relations entre les hommes. Condamné à vingt ans de bagne pour le meurtre de son neveu, Antoine-Michel Ferracci, ancêtre de l'auteur, est déporté en Guyane.
Là-bas, il croise nombre de figures tragiques et, seule part d'humanité, fréquente les indigènes de la forêt. Au soir de sa vie, il rencontre Marie, une ancienne communarde avec qui il construira un amour rédempteur et élaborera une tentative d'évasion. Avec une puissance réaliste, dans une écriture lyrique et désespérée, Gilles Zerlini restitue avec talent un monde disparu.
« Le coeur, la vraie vie, est là-haut dans la montagne et sur les plateaux, là où l'air est vif et l'eau fraîche. C'est ainsi depuis une éternité, les nervures du haut alimentent toute la vie ici-bas. Les hommes qui vivent ici sont mouvants, ils se déplacent comme la brise, comme les nuages et les saisons. Ils sont faits de rien, de terre, de bois, de poussière de pierre et de désert. Ils parcourent en permanence ce vide, sans pour autant parvenir à l'occuper en entier.
Désert végétal et minéral confus. Qui de la pierre ou de l'homme est apparu en premier, qui a modelé l'autre ? Je n'en sais rien. Rien n'a bougé ici depuis la Genèse. Chacun chez soi et Dieu ? Dieu pour tous.
Il y a, posées çà et là, ces boules de granite. Elles sont comme des monstres figés, calmes et somnolents, comme des bêtes qui attendent. Nous les connaissons toutes, les plus belles ont des noms.
Je te dois ici quelques mots pour que tu saisisses pourquoi sont parsemés ces ossuaires à ciel ouvert.
Ce sont les os blanchis des victimes d'un génocide presque oublié.
Il me déplaît de te relater cela, ces histoires-là, ce ne sont pas des choses qui s'écrivent, elles râpent ma gorge comme une obscénité, comme les mots d'une trahison, comme un âcre tabou, mais comment te le dire autrement que par l'écrit ? »
« De temps en temps, au hasard des rencontres, on a quelque peu de réconfort lorsque l'on parle avec un pays. Il y en a beaucoup, voleurs, assassins, escrocs, souteneurs. Chez les gardiens aussi. Ça permet de discuter, d'avoir quelques nouvelles. Les Corses arrivent de partout, directement de l'île comme moi, mais aussi de Marseille, Toulon et Paris. Il y en a qui ont été déjà condamnés, c'est leur second voyage. Eux, leur parole vaut de l'or, ils nous disent comment s'en sortir, la vie au pénitencier, les pièges à éviter, les blessures, les maladies, la débrouille. Ils sont particulièrement interrogés par ceux qui veulent se faire la belle dès leur arrivée. Moi ce n'est plus de mon âge, enfin nous verrons. Certains cachent leur argent, quelques outils, en leur fondement dans une espèce de tube de bois de la taille d'un saucisson, c'est inouï. »