Hannah Arendt et la faculté de juger

Hannah Arendt et la faculté de juger

Nonobstant les 50 années des indépendances de plusieurs États africains, en cette année jubilaire 2010, plusieurs défis semblent donner raison à un afropessimisme : la répartition des droits et des devoirs non selon la méritocratie mais l'ethnocratie, la gestion de la Res Publica sur les références tribales et claniques, la corruption généralisée et systématique, la paupérisation des populations, le sous-développement grandissant, les détournements des deniers publics, l'impunité, les pillages des ressources des pays, la désorganisation de l'enseignement et des systèmes éducatifs, les génocides, les crimes contre l'humanité, les guerres, les rébellions, l'analphabétisme... Dès lors, la construction de l'Afrique pour un développement harmonieux et pour une paix durable implique la valorisation des intuitions de la philosophie politique d'Hannah Arendt, notamment, la mise en oeuvre de la faculté de juger, c'est-à-dire l'aptitude de la raison à distinguer le bien du mal, le vrai du faux, le beau du laid, le juste de l'injuste, afin de sauver la politique de la fragilité des affaires humaines. En effet, la faute politique résulte de l'inaptitude de la raison à prévenir le mal, du refus de juger qui conduit à la banalité du mal. La lutte contre le pessimisme pour l'Afrique requiert de rechercher la vie bonne et heureuse avec et pour les autres dans des institutions justes intégrant notamment le pouvoir traditionnel et des projets de développement réalistes.