Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 228 pages
Poids : 226 g
Dimensions : 12cm X 22cm
ISBN : 978-2-330-00575-7
EAN : 9782330005757
Homer & Langley
Les libraires en parlent
Romancier d’exception, Edgar Laurence Doctorow nous livre avec "Homer et Langley" l’aventure fantasque et véridique de deux frères au destin hors du commun. Ce même fait divers avait déjà inspiré Marcia Davenport dans son remarquable roman « Les frères Holt » .
L’histoire est légendaire : en mars 1947, la police new-yorkaise découvre les corps sans vie de deux frères ensevelis sous des tonnes de déchets accumulés. Beaucoup de papiers mais aussi des pianos, des machines à écrire et même une Ford T dans la salle à manger. Issus d’une famille aisée et respectable, ces deux êtres s’étaient peu à peu coupés du monde en se retranchant dans un labyrinthe d’objets divers. Depuis lors, l’incompréhension était totale : comment avaient-ils pu se laisser envahir ainsi et se retrouver prisonniers de leur propre forteresse ?
En s’appropriant ce fait divers qui a profondément marqué l’Amérique, Doctorow réinvente la trajectoire de cette famille en s’autorisant quelques libertés. Il décale notamment la chronologie afin que ses personnages vivent les deux guerres mondiales, puis celle du Vietnam.
Le lecteur suit le personnage d’Homer, aveugle et pianiste de talent, qui nous offre des descriptions sensorielles d’une grande beauté. Son frère, Langley, engagé comme soldat durant la Première Guerre Mondiale et gazé sur le front occidental rentre changé à jamais. Il nourrira diverses obsessions comme le classement quotidien et méthodique de tous les journaux.
Après la mort de leurs parents, les deux frères connaissent une période plutôt « faste » où ils conservent un certain train de vie. Homer a même une liaison avec une de leurs domestiques. Langley se marie pour une courte durée avec une femme de tempérament. Tous deux organisent des soirées ou sortent, ce qui provoquera de drôles de rencontres. Mais progressivement, les frères vont perdre tout contact avec le monde extérieur. Homer prend du plaisir à écrire mais il est très lucide sur la situation : « Il se trouve qu’écrire correspond à mon désir compensatoire de rester en vie. C’est ainsi que je reste actif à ma façon pendant que mon frère s’occupe de réorganiser en machine infernale les matériaux trouvés dont la maison regorge ».
La prise de conscience-et le refus- d’un monde violent et en plein bouleversement justifie leur isolement. Langley surtout, en plus de son traumatisme de guerre, est rongé par cette course à la modernité dans laquelle son pays est lancé et par les atrocités qu’il peut lire. Son incapacité à comprendre certains faits l’attire inexorablement vers le retrait. Mais la mort tragique des deux hommes souligne les dangers d’un tel repli sur soi et peut être perçue comme la critique d’une Amérique renfermée et protectionniste où la solitude citadine est grande.
Grâce à une pincée d’humour propre à l’écriture de Doctorow, ce récit concis et efficace n’est jamais pesant. Contrairement à son roman « Ragtime » qui était très foisonnant et où surgissaient sans cesse de nouveaux personnages, il est ici dans une économie de moyens qui met toute la lumière sur Homer et Langley. Il apporte également une dimension philosophique à l’existence de nos deux personnages qu’on ne considérait jusqu’alors que comme des fous furieux et en fait de véritables ermites urbains. Le mythe continue !
Quatrième de couverture
Reclus dans leur maison de la Cinquième Avenue depuis la disparition de leurs parents en 1918, deux frères aussi cultivés qu'excentriques traversent le siècle en assumant une ardente vocation d'ermites, que viennent, à leur grand dam, mettre à mal deux guerres mondiales et de perturbantes irruptions, dans leur solitude, des multiples acteurs de la comédie humaine dont New York est le théâtre - avec ses immigrants, ses prostituées, ses gangsters et autres musiciens de jazz.
Pianiste aveugle passionné de musique classique, grand amateur de femmes, Homer est à peine plus raisonnable que son frère, Langley, esprit rebelle et farfelu, friand d'objets en tout genre - pianos, grille-pain, phonographes, machines à écrire, masques à gaz - qu'il amasse par dizaines au gré de ses lubies, allant même un jour jusqu'à assembler une Ford T dans leur salle à manger... Soucieux de découvrir, en toute chose, son expression ultime, Langley, par ailleurs, classe et archive méthodiquement la presse quotidienne dans l'obsessionnel dessein de créer un journal au numéro unique, éternellement d'actualité, où se trouverait compilée la quintessence même de la vie.
Inspiré d'une histoire vraie - celle des frères Collyer, collectionneurs compulsifs retrouvés morts en 1947, ensevelis sous des piles de journaux et de livres -, ce roman drolatique, pétri d'humanité et porté par deux personnages dont la loufoquerie le dispute à l'humour, narre, à sa façon jubilatoire, l'épopée du matérialisme et de la solitude made in USA.