Immigration, prison, sida

Les jeunes Maghrébins de France sont, dès leur plus jeune âge, en situation de crise, individuelle et sociale, situation qui engendre des rapports conflictuels pouvant aider à la compréhension du phénomène de la délinquance, produit du double trouble de l'identité et du rapport qu'ils entretiennent avec la loi.

La question du sida interroge la finalité et le sens de l'exil des parents, tandis que le risque lié à la toxicomanie et la transgression sexuelle sonnent, peut-être, la fin de l'errance des jeunes.

Les problématiques se construisent autour de la «dynamique conflictuelle», dynamique qui permet de comprendre la nature des antagonismes, de décrire comment ils s'agrègent, induisent les crises et éclatent en conflits.

L'énergie stimulant cette dynamique est «la haine» qui, dans une perspective ami-ennnemi, alimente les oppositions entre sociétés de type traditionnel et de type moderne, et partant, des relations entre «privé et public», entre «même et différent», entre «l'un et le multiple».

Quatre clefs interprétatives : socio-culturelle, du contrôle social, socio-politique et du système de justice pénale, décrivent les mouvements d'inversion paradoxale du système normatif en système ségrégatif et d'inversion du rapport à la loi qui produit des «hors la loi».

Les lois (divine, paternelle, républicaine) sont contestées, voire refusées ; le trouble du rapport à la loi fixe le degré de dissidence car la punition est la prison et/ou la mort.

Les victimes du sida sont alors les figures emblématiques d'une «immuno-déficience culturelle, sociale et politique».