Inde, l'ombre des gares

Au cours de son premier voyage en Inde, alors qu'il attendait un train, Bernard Lachaud dut passer une nuit dans une gare du Rajasthan. Ce contretemps lui fit découvrir un spectacle inédit : le plus naturellement du monde, la gare s'était transformée en un gigantesque dortoir. Autour de lui, des centaines de personnes s'étaient installées pour la nuit, allongées à même le sol.

Malgré l'extrême promiscuité, le plus grand calme régnait dans le hall et sur les quais. L'atmosphère de l'endroit l'impressionna tellement qu'il décida d'en savoir plus.

De retour l'année suivante, le photographe s'est donné le temps nécessaire pour s'imprégner des ambiances et connaître, de jour comme de nuit, le quotidien de ceux qui vivent à «l'ombre des gares».

Ce livre offre une vision émouvante et réaliste des gares indiennes trop souvent et trop facilement décrites comme de pittoresques cours des miracles.

Loin des clichés misérabilistes ou des images pour guides touristiques, les photographies époustouflantes de ce reportage permettent de découvrir que ces lieux sont de véritables refuges pour la population.

«J'ai eu le bonheur inouï de filmer en Inde. A la vision des photos de Bernard Lachaud, tout m'est revenu, en une seule gifle somptueusement sensuelle. [...] A votre tour de faire attention : les photos que vous allez voir inoculent cette même ivresse inexplicable dont on ne revient pas.»

Alain Corneau Réalisateur de «Nocturne indien».

On peut parler de précocité quand on évoque le talent de Bernard Lachaud. Si, à trente ans à peine il signe déjà son premier grand reportage, c'est à l'âge de dix ans que naît sa passion définitive pour la photographie.

Un appareil reçu en cadeau de Noël lui donne un goût certain pour l'image. Très vite, la technique et la manipulation du matériel n'ont plus de secret pour lui.

Après des études d'audiovisuel et quelques années passées sur les plateaux de cinéma et de télévision, il décide de vivre de sa passion et se lance dans la carrière de photographe indépendant. Photo institutionnelle et évènementielle, portraits, books, mode, catalogues, chantiers... il multiplie travaux et contacts et enrichit sa culture de l'image : tout est bon pour se former l'œil et gagner la liberté de faire ce qui lui plaît vraiment.

Le choc qui éveille son attrait pour le reportage intervient en 1998, dans une gare indienne, alors qu'il attend un train en retard. Séduit et intrigué par la foule qui y dort dans le plus grand calme, et convaincu qu'il tenait là un excellent sujet, il allait signer, moins de deux ans plus tard, ce splendide ouvrage : «Inde, l'ombre des gares».