J'étais un Africain blanc

J'étais un Africain blanc

Les aventuriers voyageurs

« Ce climat, cette ambiance, sont les nôtres, à nous les Africains blancs. Nous qui sommes venus dans ces pays par de multiples chemins : l'armée, le fonctionnariat, le commerce, le hasard, le goût de se chercher toujours plus loin ou de fuir une vie insipide. Nous sommes venus, parfois très jeunes, parfois à l'âge mûr, et nous avons trouvé ce que nous cherchions, souvent inconsciemment.

« Des espaces permettant de respirer ; où le " mètre carré " ne conditionne pas notre vie quotidienne ; où une démographie encore normale laisse à chacun, petits et grands, le sentiment de sa place, de son " existence " dans la vie, nationale ou locale, au lieu de cette affreuse sensation d'être devenu fourmi dans la fourmilière, termite dans la grande " insectière " d'Europe.

« Ici, nous avons soudain respiré différemment, mieux, plus harmonieusement. Nous retrouvions une condition humaine. Chacun de nous cessait d'être une unité, un pion, un numéro, un matricule perdu dans la grande masse pour retrouver un visage, un nom, une personnalité, et surtout, surtout, sentir son appartenance à une communauté, à une famille d'hommes aux problèmes communs ou proches.

Nous sommes des Africains ! Certains ont fait fortune ; d'autres vivent bien ; d'autres moins bien ou même mal. Quelques-uns subsistent difficilement et le " retour ", à la fin de leur vie, sera dramatique. Certains ont apporté des capitaux, mais tous ont amené leur ambition, leur esprit d'entreprise, leur imagination, leur activité ; ce dynamisme qui, en s'appuyant sur le sens du concret, a fait dans le passé la force et la richesse de l'Européen. Ce pays est le nôtre, ou plutôt nous lui appartenons. »

Le récit de quinze années de vie sur le terrain, en Centrafrique, de 1959 à 1972, du chevalier d'Orgeix (1921-2006, le fameux champion d'équitation). De la chasse bien sûr, mais aussi un regard perçant sur la décolonisation, le pillage de la faune, etc.