Jean Mercure, un théâtre de la ville

«J'ai fait du théâtre pour communiquer, pour poser des questions au public, et jamais pour me débarrasser de mes fantasmes. Nulle pièce que j'ai montée, dont le sujet ne m'ait paru opportun à l'époque où je la montais.»

L'histoire de Jean Mercure est celle, exemplaire, d'un artiste qui, toujours, a lié ses choix et son action aux valeurs de l'homme et du citoyen. Comédien, il a été remarqué dès ses débuts par Bertolt Brecht, lors d'une reprise de L'Opéra de quat'sous, à Paris, en 1937. Metteur en scène, il s'est voué à la découverte des pièces de son temps qu'il a servies avec un art exigeant, subtil et rigoureux. Animateur indépendant, il en a assumé tous les risques. Il a trouvé l'accomplissement de son œuvre dans la création, en 1967, du Théâtre de la Ville, selon le vœu de la municipalité parisienne. Un théâtre populaire et novateur par son architecture et les relations qu'il favorisait avec le public, par la cohésion d'une équipe, par l'originalité de ses programmes associant l'art dramatique, la musique et la danse et ouverts aux œuvres nouvelles, aux jeunes acteurs et metteurs en scènes. L'institution, en début de soirée, des «18 heures 30», spectacles courts, a permis de faire place à des formes brèves, musique de chambre, musiques traditionnelles, chorégraphies simples, chansons et variétés. Il a écrit : «Le théâtre populaire doit lier, dans la joie, la culture et la réflexion. Perpétuer le patrimoine culturel, certes, mais aussi être le témoin de son temps. Le théâtre populaire évoluera. La réflexion sociale ne doit pas empêcher la réflexion poétique».