Rayon Mémoires, journaux intimes
Journal 1927-1928 : héroïne, cocaïne ! la nuit s'avance...

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 350 pages
Poids : 480 g
Dimensions : 14cm X 22cm
ISBN : 978-2-912222-33-6
EAN : 9782912222336

Journal 1927-1928

héroïne, cocaïne ! la nuit s'avance...


Paru le
Broché 350 pages
édition établie par Pierre Plateau
préface Patrick Kéchichian
commentaires Claire Paulhan, avec l'aide de Roland Aeschimann, Pierre Plateau et Dominique Tiry

Quatrième de couverture

«Progressivement, je le répète, comme un rouleau compresseur qui avance, ne connaît aucun obstacle et fait lentement son travail d'heure en heure, la morphine a tout détruit, tout sapé, tout anéanti, et j'ai tout perdu, mon amie, son argent, nos maisons, ma confiance, ma santé, mes années, mon talent, mon courage, ma fraîcheur, l'amour, même l'amitié, la poésie qui s'est retirée de moi comme la mer abandonne un rocher trop ingrat et qui, désormais, déchiqueté, rude, délaissé, presque effrayant dans son isolement dès lors éternel, s'élèvera seul des flots, sans oiseau et sans graine, sans terre surtout pour qu'y germent les graines apportées des oiseaux, sans rien à l'infini et dans l'Eternité que le ciel et la mer, tout deux aussi distants et aussi éloignés de lui.

J'ai tout perdu, ma vie, mon instinct de vivre, ma répugnance du mal, mon goût de me soigner. La morphine, cette écharde invisible du début, est devenue le poignard, la hallebarde qui, à travers mon corps, a transpercé mon coeur et m'a tuée, m'a clouée au sol le plus bas, à la terre boueuse où l'on m'enterrera... enfin ! La morphine, et sa soeur la cocaïne, et l'héroïne son aînée, sept fois plus dangereuse et toxique qu'aucun des poisons, ont peu à peu tout remplacé et maintenant me restent seules.

Comment voulez vous que, n'ayant plus rien, je n'aie pas fait le pacte du diable, de l'âme vendue, avec mes pires ennemies ? C'est pour les acheter que je donne mes derniers billets, que j'emprunte, mendie à n'importe qui. Je vendrai sans doute tout pour cette unique et dominante dépense qui me détruit, comme le vitriol dissout le squelette même de l'homme et ses bagues, car même tous les métaux sont détruits par lui et son acide inguérissable et brûlant.»

Jeudi 24 mai 1928

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Du même auteur : Mireille Havet