Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 230 pages
Poids : 308 g
Dimensions : 15cm X 21cm
ISBN : 978-2-38431-285-6
EAN : 9782384312856
Journal d'une montagne
Quatrième de couverture
Poussé par le désir de lier son quotidien à la nature sauvage, Rémi Huot s'est attaché à une échancrure dans la montagne. D'un bout à l'autre de l'année, l'auteur est retourné vivre dans un orri de pierre, logé à deux mille mètres d'altitude dans les Pyrénées, ouvert aux pins, aux hêtres, aux genêts et aux quatre vents. Il y est resté assez longtemps pour sentir le dur froid de l'hiver, les promesses du printemps, les sévères radiations de l'été, et le saisissant déclin de l'automne. Au pied des pics du Bernard Sauvage et du Madres, il a cheminé en silence, au hasard des forêts ravinées, des rivières torrentielles et des sommets gardés près des nuages. À l'écart des hommes, il a espionné la cambrure d'un tétras, poursuivi la noblesse d'un grand cerf et accompagné la jeunesse d'un aigle royal. Il s'est impatienté de la fonte des neiges et s'est arrêté devant l'essoufflement d'une étoile au-dessus de sa cabane. Il a cherché la beauté dans tout ce qui éclôt, croît et meurt.
Je m'assois sur un tronc couché pour voir le crépuscule s'éteindre sur le Roc Negre et le Gorg Estelat. Il reste des reliquats de mauve dans les ramures des pins. Sur l'un d'eux, un merle à plastron se perche et chante avec grande conviction, en dépit du froid mordant et des bois sombres. Sur sa cime, il insiste, sûr de lui, certain de vouloir vivre ici le printemps qui arrive. La tonalité de ses vocalises ne trompe pas. C'est désormais à tous les sommets qu'il réclame la déprise des neiges et la rémission des jours glaciaux. Confiant, le merle prolonge son récital. Il questionne la pinède, interroge le soir, attendant une réponse qui ne vient pas. Il est seul. Sa voix sublime résonne, dans ce décor austère, comme une grande solitude. Sur ces dernières notes, l'oiseau chante le rose d'un soir polaire, au bout des montagnes enneigées, tout en haut de la nature. Je suis heureux de m'endormir sous son plastron frappé d'ivoire pâle. Même après le départ de l'hiver, il existera encore des lieux où le monde est blanc.