Paru le 13/06/1997 | Broché 664 pages
traduit de l'allemand par Philippe Ivernel
Aux grandes oeuvres littéraires de Brecht s'ajoute désormais le plus important des commentaires : son Journal de travail posthume, qui embrasse une période d'environ deux décennies, exceptionnellement riche en événements politiques qui obligent Brecht à émigrer au Danemark, en Suède, en Finlande, puis le font revenir en Suisse et finalement à Berlin, et au cours de laquelle sa production littéraire est intense.
Il y a donc continuellement interférence dans le Journal de travail entre l'examen de la genèse de cette production et l'analyse de l'actualité : les événements politiques eux-mêmes, mais aussi les lectures, les rencontres, les situations, les articles et photographies de presse, etc. L'oeuvre qu'on voit ici progresser par saccades renvoie toujours à une réalité qui la dépasse, la <<distancie>>. Et l'activité littéraire, qui plus que jamais, au creux de la guerre, se trouve reléguée loin de tous les centres de décision, se voit traiter avec ironie par la dialectique, <<sac à malices de cette foutue époque>>.
Est-il secondaire que la même dialectique, véritable ressort de ce journal, fonde en retour le geste d'écrire comme une possibilité de survivre, et pas de n'importe quelle façon ?