1950

Avec l'année 1950 s'achève la longue histoire de la publication du Journal du septennat de Vincent Auriol. Cette monumentale entreprise éditoriale commencée il y a plus de trente ans par Pierre Nora et Jacques Ozouf avait permis, entre 1970 et 1980, la publication de six années du Journal, non sans grincements de dents parfois car, avait-on bien le droit de publier ces secrets d'Etat tout droit sortis du bureau présidentiel ? Ce document offrait pourtant un témoignage extraordinaire sur les difficultés de l'après-guerre, vues depuis le sommet de l'Etat, au point de convergence de toutes les sources d'information. En 1981, le présent volume restait à paraître. Mais le président de la République nouvellement élu, François Mitterrand, ne souhaita pas soutenir sa publication, agacé sans doute par les jugements sévères que Vincent Auriol portait à son égard.
La lecture de cette année 1950 révèle une vie politique nationale minée par les rivalités de partis et l'instabilité ministérielle, la perspective de conflits coloniaux explosifs et des relations internationales plus tendues entre les deux blocs antagonistes. Un signe de renouveau réside cependant dans la naissance du projet européen de communauté du charbon et de l'acier. Ce qui frappe, c'est l'accumulation de documents officiels exceptionnels, rapports secrets des Renseignements généraux, télégrammes confidentiels du Quay d'Orsay, notes prises en Conseils des ministres.
A cette année 1950, enfin disponible, s'ajoute un outil irremplaçable : un Cédérom, réalisé grâce au partenariat de la Bibliothèque Nationale de France et de la direction des Archives de France, réunit les sept tomes dans leur intégralité. Resurgit ainsi l'ensemble du journal de Vincent Auriol, un témoignage essentiel sur la période de 1947 à 1953, dévoilant, selon la belle formule de Pierre Nora, « le rase-motte du jour le jour, le corps à corps avec l'événement, suite d'instantanés qui nous restituent sur le vif, avec une sensibilité de sismographe, les moments de l'action présidentielle. Pour la première fois peut-être en politique c'est le cœur même de la machine gouvernementale que l'on entend battre ici ».