L'abjuration d'Henri IV

Pierre de L'Estoile (1546-1611)

Journaux-mémoires
Tome IV. 1593-1594

L'Abjuration d'Henri IV

Le mercredi 8 de ce mois, Commolet prêcha les religieuses, que les gentilshommes promenaient par dessous les bras tous les jours à Paris (comme à la vérité on ne voyait autre chose au Palais et partout que gentilshommes et religieuses accouplées, qui se faisaient l'amour et se léchaient le morveau) ; les dites religieuses portant sous le voile, qui seulement les distinguait, vrais habits et façons de putains et courtisanes, étant fardées, musquées et poudrées ; aussi vilaines et débordées en paroles comme en tout le reste.

Commolet les appela par plusieurs fois vilaines et putains ; et ceux qui les conduisaient vilains, ruffians et bouffons ; criant que le peuple devait leur jeter des pierres et de la boue au visage, quand il les voyait passer. Et se mit en telle furie, tempêtant et grimaçant, et faisant quelquefois semblant de sortir de sa chaire, jusqu'à se retourner vers son clerc, et lui dire tout haut : Allons ! qu'on doutait s'il avait point perdu l'esprit, ou bu trop d'un coup.
(Mercredi 8 décembre 1593)