Judas, la traîtrise du patriote

«Yehoûdâh, suis-moi.» s'entendit-il alors dire.

Ces simples paroles provoquèrent en Yehoûdâh (Judas) un tel tremblement d'âme, qu'il crut sentir la terre s'entrouvrir sous ses pieds. Une secousse comme il n'en avait jamais jusqu'ici connue dans sa vie, un séisme tel, qu'il en ressentit les effets jusqu'au plus profond de lui. Il ne voyait plus rien, n'entendait plus rien que ce «Yehoûdâh, suis-moi».

Faisait-il jour? Faisait-il nuit? Il n'aurait su le préciser. Seuls ces mots ne cessaient de résonner en son être, comme s'ils désiraient ne plus jamais lui laisser de répit. Semblable à un grand arbre pétrifié par la foudre, les yeux attachés à ce Galiléen autour duquel l'air semblait étrangement vibrer et dont à présent il pouvait distinguer même le plus effacé des traits, il ne pouvait esquisser le moindre geste. Voyant son émoi, Iéshoua (Jésus) rajouta, cette fois-ci en riant aux éclats.

«Et bien, bouge-toi un peu, mon bon Yehoûdâh! Tu ne vas tout de même pas m'obliger à répéter les choses trente-six fois!»

Alors, sans plus réfléchir, Yehoûdâh tourna vers Kesed un visage où pouvait se lire une insondable allégresse.

«Kesed, mon bon ami, je te charge de faire savoir à mes parents que durant quelques temps je vais suivre Iéshoua. Je compte sur toi pour les rassurer. Dis-leur surtout que tout va bien pour leur cher fils, et qu'ils n'auront pas trop longtemps à attendre mon retour à Kerioth.»