Ken Loach, un regard cinématographique sur l'aliénation familiale

Kes (1970) Family (1971) et Sweet sixteen (2002) constituent trois films à part dans la filmographie de Ken Loach. Ils forment une trilogie qui s'élabore autour d'un questionnement subtil sur l'aliénation familiale. Dans ce troisième volume consacré au réalisateur anglais, l'auteur s'attache à explorer ces univers oppressifs et répressifs sans se départir de l'idée que les problématiques vécues comme individuelles s'articulent, comme toujours chez Loach, au sein du collectif. Ces familles, porteuses de défaillances diverses, ne sont qu'une allégorie de la solitude à laquelle sont condamnés les individus dans l'absurde de leur condition et de leur organisation. Ainsi, les structures sociales, telles qu'elles apparaissent dans ces films évoquent une société de surveillance se caractérisant par un ensemble de procédures destinées à dresser, contrôler et à punir les individus. A la manière d'un clinicien, le cinéaste observe, recueille et organise, dans le discours cinématographique qu'il nous propose, les éléments explicatifs des modes d'agir et d'être des uns et des autres. Il n'est pas exclu, dès lors, que l'impossible envolée de Billy, que la parole aliénée de Janice ou que l'irréalisable quête de la mère - figure ô combien ambiguë - qu'entreprend Liam ne soient que les symptômes d'un mal plus profond: la difficulté d'advenir dans un monde où tout est figé et joué d'avance.