L'académie des dames ou La philosophie dans le boudoir du grand siècle

Dans la seconde moitié du XVII^e siècle, trois dialogues érotiques ravivent les Ragionamenti de l'Arétin et devancent la littérature libertine du XVIII^e : L'Ecole des filles, L'Académie des dames et Vénus dans le cloître. Publiée d'abord en latin, L'Académie des dames parut en français vers 1680. Deux cousines, Tullie et Octavie, s'entretiennent du sexe. Se racontant leurs expériences, elles exposent leur machiavélisme de femmes désireuses de vivre leur sexualité sans perdre leur réputation et mettent en pratique leur savoir érotique grâce à une suite d'épreuves qui sont l'objet de scènes de plus en plus provocantes. Octavie, élève aussi douée que le sera la jeune Eugénie de La Philosophie dans le boudoir, en saura à la fin autant que son institutrice.

Si cette œuvre n'a pas l'agressivité radicale de celle de Sade, elle en possède l'habileté rhétorique et la tournure sophiste. Ce document, indispensable pour l'histoire de la sexualité moderne, montre admirablement que c'est par les ruses du langage que le corps est reconduit à la raisonnable déraison du plaisir.