De l'iniquité à la réparation

"Je mourrai dans le culte de la libre-pensée"

J'espère voir encore la fin triomphante de l'horrible drame qui se joue dans notre pays. Je me sentirai heureux d'y avoir contribué, et je pourrai m'en aller en me disant qu'une fois au moins, j'ai pu rendre service à la patrie. C'est peu, pour un homme qui est dans la vie publique depuis trente ans, mais il est si difficile de faire ce qui est bon et bien ! Le sacrifice de soi-même en est généralement la récompense : celle-là suffit aux hommes bien nés.

Je ne regretterai rien de ce don fait à notre pays, espérant qu'il y trouvera un renouveau de moralité, - et je pardonne facilement à ceux qui se sont faits les instruments de l'injustice, puisqu'ils l'ont fait de bonne foi...

Les convictions politiques ne sont pas un article de foi, mais, pour me servir d'une locution usitée, je mourrai dans la foi républicaine, je mourrai dans le culte de la libre-pensée, je mourrai, comme j'ai cherché à vivre, dans le respect de toutes les opinions, pourvu qu'elles soient sincères...
A. Scheurer-Kestner.

(Photo de couverture : la Vérité. Monument à Scheurer-Kestner, oeuvre du sculpteur républicain Dalou. Dans ses mains, un miroir - jamais restauré. Lui tournant le dos, la Justice. Une allégorie toujours présente dans les jardins - et peut-être pas seulement les jardins - du Sénat.)