L'affaire Wolfgang

L'affaire Wolfgang fait le récit des derniers jours de la vie de Mozart, si ambigus et mystérieux qu'ils autorisent une infinité de suppositions et d'hypothèses, des plus fantaisistes aux plus crédibles. Ici, la perspective n'est pas celle que l'on connaît et que l'on retient d'ordinaire : la trame romanesque s'appuie sur la lecture minutieuse des sources disponibles sur le sujet, du reste intégrées au texte ; et les personnages, qui ont tous existé historiquement, se meuvent selon des logiques qui laissent percer des bribes de "vérité" résiduelles, chacune étant symétriquement inversée par rapport à celles que l'histoire retient. En somme, on soupçonne à l'arrière-plan un "monumental complot".

Mais, au-delà de l'intrigue policière, le roman propose une représentation idéelle et morale de la biographie de Mozart. L'auteur fait le pari de connaître les raisons intimes des comportements et des actions des hommes et des femmes, contemporains des derniers jours de Mozart, l'événement tragique que constitue sa mort devenant le révélateur de leur médiocrité et de leur bassesse d'âme. Il explore ainsi de manière exemplaire la misère du monde, sous tous les angles, qu'ils soient sociaux ou spirituels, depuis l'Empereur jusqu'aux petits-bourgeois et aux personnes ordinaires, depuis le compositeur sublime jusqu'à ceux qui gravitent autour de lui et ont été ses proches parents, ses disciples et ses collaborateurs. Malgré la réussite du complot, tous les personnages sont perdants, humainement et moralement. Au final, le romancier fait amèrement la démonstration qu'il n'y a aucune certitude que l'art et la beauté comportent hauteur d'âme, dignité, noblesse, conduites intègres.